Restrictions à la liberté de circulation, entre interdictions de se déplacer et fermetures des frontières terrestres et aériennes

Commentaire

A la liste des diverses mesures prises dans le cadre de la riposte contre la Covid-19 au Sénégal, s’ajoute l’interdiction des rassemblements et manifestations publics aussi bien sur la voie publique que dans des lieux privés. Ces interdictions concernent en outre le déplacement des populations entre zones urbaines et la fermeture des frontières terrestres et aériennes.

Arrêt de circuler

En application de ces mesures, plusieurs manifestations gouvernementales, politiques ou religieuses ont été annulées et les lieux de culte (mosquées, églises notamment) fermés sur l’étendue du territoire.

Ces mesures ont été récemment assouplies lors du message à la Nation du président de la République, le 11 mai 2020. C’est ainsi que la fermeture des lieux de culte a été levée même si elle n’a pas été suivie d’une réelle application, les églises ainsi que la plupart des mosquées étant restées fermées du fait des risques encore élevés de contagion.  

Les aéroports à Dakar et dans les régions ont également été fermés. A titre exceptionnel, des ressortissant.e.s sénégalais.e.s à l’étranger ont continué à être rapatrié.e.s, sous réserve d’une mise en quarantaine accompagnée au besoin d’un suivi médical. La décision de mise en quarantaine dans des réceptifs hôteliers est en train d’être abandonnée et les autorités sanitaires penchent de plus en plus vers un traitement de cas confirmés à domicile. En pratique, les Sénégalais.e.s rapatrié.e.s sont prié.e.s de suivre les mesures de surveillance à domicile tandis que les sites aménagés en supplément des structures hospitalières accueillent les patient.e.s testé.e.s positif.ive.s.

L’interdiction du rapatriement des corps des Sénégalais.e.s victimes de la Covid-19 à l’étranger a été abandonnée. Les familles des victimes avaient saisi la Cour suprême à l’effet de l’annuler cette mesure mais celle-ci avait rejeté la requête au motif qu’il appartenait aux autorités administratives de prendre une telle mesure à titre de prévention. La mesure a par la suite été retirée par le gouvernement.  

Quant à la mesure qui frappe le déplacement interurbain aussi bien pour les personnes que les véhicules, elle a été assouplie par la mise en place d’une plateforme d’inscription. Celle-ci devait permettre aux populations qui le souhaitent d’obtenir l’autorisation de voyager dans le cadre de la célébration de la fête de la korité consacrant la fin du Ramadan. La délivrance a par la suite été suspendue par les autorités pour éviter d’amplifier la transmission communautaire (contamination sans lien épidémique).  

Le contrôle qui devait être assuré par les forces de sécurité n’a pas toujours été effectif, du fait notamment que certaines personnes ont pu, avec la complicité de certains éléments des forces de sécurité, se déplacer sans y avoir droit. C’est ainsi que le commandant de la Brigade de gendarmerie de Touba et d’autres gendarmes ont été mis aux arrêts pour avoir facilité le transport de certains voyageurs. Selon les médias qui ont rapporté cette information, des « passagers interpellés avaient avoué avoir reçu l’aide des gendarmes moyennant le paiement d’une commission ».