L’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques protège la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce. L’accessibilité de l’information est l’une des principales dimensions de l’accès aux soins de santé. C’est la raison pour laquelle, les informations doivent être disponibles dans les langues nationales pour répondre aux besoins variés des personnes touchées.
« Ces informations doivent également être transmises par des moyens et dans des formats facilement compris et accessibles de sorte que les personnes touchées puissent participer pleinement et prendre des décisions éclairées face à la menace sanitaire et à l’action engagée pour l’endiguer » a indiqué Amnesty International dans une récente déclaration publique[1].
Pour communiquer avec les populations et les divers.e.s acteur.rice.s, les autorités sanitaires ont instauré un point quotidien sur la situation de la Covid-19. Piloté par le ministère de la santé et de l’action sociale, ce dispositif fournit également des informations sur les différentes mesures prises par le gouvernement.
Ces points de presse qui ne servaient au début qu’à fournir les chiffres sur la contamination ont rapidement évolué pour être complétés par une revue mensuelle de la situation, permettant également d’échanger avec la presse et de donner plus de détails.
Les autorités sanitaires doivent par ailleurs impliquer davantage les relais communautaires dans la sensibilisation. L’implication et la mobilisation des relais avec une parfaite maitrise des réalités socioculturelles dans les différentes communautés avaient considérablement fait la différence dans les précédents programmes de lutte contre des crises sanitaires (paludisme, tuberculose ou le Sida).
Au début de la propagation de l’épidémie au Sénégal, plusieurs personnes avaient été convoquées par la police et la gendarmerie pour des accusations de « diffusion de fausses nouvelles ». Ces personnes, poursuivies pour avoir déclaré ne pas croire à l’existence d’un virus, sont revenues sur leurs positions tout en s’engageant à contribuer à la sensibilisation des populations, à la suite de ces convocations.
Même si des Sénégalais.e.s n’utilisent plus les médias de grandes audiences pour nier l’existence de la maladie, des messages dans ce sens sont régulièrement partagés sur les réseaux sociaux. Cette situation relève davantage d’un déficit d’informations sur les manifestations de la maladie avec les cas asymptomatiques qui ne faisaient pas l’objet d’une communication publique et la gestion des cas contacts, suivis par les services sanitaires.
Le suivi des cas contacts va notamment se poursuivre par le biais d’une solution e-santé que va déployer le ministère de la santé et de l’action sociale. Saisi pour avis, la Commission des Données Personnelles (CDP) a autorisé l’usage d’un outil servant à identifier les personnes qui ont été en contact avec un malade. Dans un communiqué publié à cet effet, la CDP suggère que « la collecte des données soit limitée uniquement aux personnes ciblées par les autorités sanitaires, qui sont directement en contact avec celles infectées » et que celles qui sont collectées « soient conservées pendant le temps nécessaire à la prise en charge des personnes et détruites automatiquement lorsque les finalités pour lesquelles elles sont collectées arrivent à terme ». La Commission réaffirme également la nécessité de privilégier « les solutions les moins intrusives pour la vie privée des personnes »[2].
A la date du 19 mai 2020, la solution n’était toujours pas déployée.
[1] Déclaration publique d’Amnesty International sur les mesures prises face à la Covid19 et obligations des Etats en matière de droits humains, POL 30/1967/2020 du 12 mars 2020
[2] Communiqué de la Commission des Données Personnelles du 24 avril 2020, consultable sur le site web de la CDP à la date du 20 mars 2020 https://www.cdp.sn/content/covid-19-communiqu%C3%A9-de-la-cdp-sur-le-tra%C3%A7age-num%C3%A9rique